Vous souvenez-vous du temps où vous preniez le métro, le bus, l’auto, enfin tout moyen de transport pour vous rendre au travail ?
Vous souvenez-vous de la frustration lorsqu’on vous refusait une journée de télétravail ?
Il y a un genre de dicton qui dit qu’on n’est jamais content de ce qu’on a. Une des raisons est l’habituation aux choses qui deviennent alors normales et moins enrichissantes, plus banales. Avec le temps l’appréciation possible est engloutie par les désagréments qui l’accompagnent.
Avec les conditions mises en place pour protéger les individus du nouveau virus, bien des personnes ne font plus le voyagement jusqu’au travail et même sont en télétravail non pas une journée par semaine ou par mois, mais bien toutes les journées de leur semaine.
Quelle joie de pouvoir se lever plus tard !
Quelle joie de ne pas avoir à porter d’uniforme spécifique !
Quelle joie de ne pas se retrouver entassés comme des sardines dans le métro !
Quelle joie de ne pas fulminer dans le trafic !
Quelle joie de ne pas perdre de temps pour revenir chez soi !
La belle vie !
Cependant tout n’est pas si rose. La fatigue s’installe, les retards dans les dossiers s’allongent, la performance diminue, le stress augmente ainsi que les frustrations, l’angoisse assaille. Pourtant c’était génial de sauver tout ce temps.
Il faut penser que tout ce temps servait de tampon entre la vie privée et la vie professionnelle. Le télétravail n’est pratique que pour quelques personnes dans les faits. Des outils même informatiques sont accompagnés de nombreuses contraintes lorsque sortis de leur lieu d’origine sécurisée dans les bureaux professionnels. L’environnement de la maisonnée s’avère souvent plus anxiogène que celui parfois froid des tours à bureaux. Les personnes environnantes ont également un impact. Enfants, conjoint(e), animal de compagnie… tant de perturbation !
Par ailleurs, il y a les fameuses pauses au travail, le matin, le lunch le midi, l’après-midi. Pauses qui ne sont pas là pour vous faire plaisir mais bien pour vous permettre de performer davantage. Un humain ne peut pas être optimal 8 à 10h par jour sans arrêt. Il a besoin de repos régulier, de se vider la tête, de se changer les idées, de prendre l’air, de se sustenter…
Curieusement, en télétravail, les personnes qui ont du mal à rejoindre les exigences en arrivent à supprimer leurs pauses si salutaires et à étirer leur temps de travail sur leur propre compte, sans salaire. Les fameuses pauses offraient aussi la possibilité d’échanger un peu, une autre bonne manière de ventiler. Les demandes ne cessent d’augmenter et la production doit se poursuivre. Mais au lieu d’optimiser son temps, on augmente son temps. La qualité vaut pourtant mieux que la quantité. Avec le temps, le manque de socialisation et le tout faire à la maison enlève toute capacité de pensée.
Alors que faire ? La réponse vous apparaitra un brin simpliste. Il faut faire comme si vous alliez au travail. Cela veut dire se lever aux mêmes heures, en profiter pour prendre un bon déjeuner, utiliser le temps de transport pour prendre une bonne marche de santé dehors, avant de commencer sa journée. Il faut prendre ses pauses comme on le ferait au travail, il faut ensuite aller prendre une autre marche de santé à la fin de sa journée de travail qu’on n’aura pas étiré avant de rentrer chez soi, sans retourner dans son lieu dédié au travail qu’on a installé à la maison. Simple n’est-ce pas ? Dans la vie beaucoup de choses sont très simples et il suffirait de les appliquer. Mais les stress et angoisses divers font oublier la loi du bon sens, celui de se prendre en mains avant tout. Vous m’objecterez que lorsque les enfants sont aussi à la maison, toute cette belle intension de routine ne tient pas la route. En fait, souvent les personnes qui doivent consulter après de telles déboires sont seules, sans enfants ! Et puis, vous pouvez aussi appliquer votre routine d’aller prendre l’air avec les enfants, qui ensuite seront en télé-école pendant que vous en télétravail… Non ils sont trop jeunes ? Ha oui, là j’en convient, ce n’est pas évident du tout de partager le temps entre tout cela et pour ces situations-là, la réponse est plus complexe. Mais ce n’est pas parce que ce n’est pas idéal pour ces contextes précis qu’il ne faut pas améliorer les choses dans les autres modèles de vie à la maison.
Alors revenons-y un peu. D’abord, pour briser l’isolement, pourquoi ne pas programmer des séances virtuelles de pauses ensemble ? Le café de 10h, la pomme de 15h…. en ligne. Ce n’est pas aussi plaisant qu’en présence, nous sommes bien d’accord. Mais ce n’est pas parce que ce n’est pas idéal qu’il faut s’en priver. Il y a tout de même de beaux avantages.
Une autre chose bien importante : diviser le lieu de travail du reste de la maison. Pas toujours simple quand on vit en famille dans un réduit et que tout le monde est en mode télétravail, télé-école ! Néanmoins, bien souvent cet aspect est possible mais négligé. Mettre une petite table, un petit bureau dans un coin, avec un paravent pour le séparer du reste, ou encore déplacer quelques meubles pour générer cet espace différent, ce n’est pas grand-chose mais cela fait toute la différence. Évidemment, si vous pouvez avoir une pièce fermée c’est encore mieux. La plupart du temps par contre, la fameuse pièce est en fait la chambre à coucher. Drôle de coupure ! Il faut alors vraiment redécouper la pièce plutôt que de travailler dans son lit. La division physique et matérielle des lieux a toute son importance. Travailler sur la table du salon, à côté de la télévision, laisser son ordinateur en plan jusqu’au lendemain et le voir constamment avec tous ses dossiers sont autant d’éléments rappelant tout ce qu’il y a à faire au travail, pas encore fait, etc…
Autre élément très important. La dynamisation du corps vient ajouter une touche de motivation et de positivisme aussi. Les centres sportifs fermés, les gens pensent qu’ils ne peuvent plus bouger. Pourtant on n’est pas au temps des cavernes. La technologie actuelle offre une panoplie de cours en ligne.
· Ce n’est pas drôle en ligne ? C’est toujours mieux que rien du tout et en plus il y en a vraiment pour tous les goûts.
· Il n’y a pas assez de place chez moi, c’est trop petit ! Vous n’avez besoin que de bien peu d’espace pour bouger votre corps, juste un peu plus que l’espace qu’occupe votre corps.
· Je n’ai pas de matériel de sport ! Vous n’avez besoin que de votre corps et rien d’autre pour vous dynamiser.
Lorsque l’on fait toutes ces petites actions, la performance au travail est retrouvée, la santé mentale maintenue, le bien-être intérieur sauvegardé.
Il faut garder cette séparation essentielle entre le travail et le privé, coute que coute.
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