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Dans quel sens faire du sens ?

Ha, faire du sens sur ce qui arrive ! Tout un chacun cherche à comprendre, à organiser les choses dans sa tête. Et lorsqu’il y a un certain chaos, une confusion, ça va mal, l’angoisse s’en mêle, n’est-ce pas ? C’est un peu là-dessus que s’appuient les thérapies cognitivo-comportementales, remettre un sens… valable ! Il arrive que certaines croyances, certaines idées construites sur ce qui arrive, ce qui nous arrive ne cadrent pas avec ce qui a été convenu de normal pour le bon fonctionnement global en société. Alors en rétablissant les conceptions, en déboutant certains schémas et en en créant d’autres, normalement ça devrait aller mieux.


Mais voilà, ce n’est pas forcément le cas. Prenons l’exemple d’une maison. Un spécialiste entrepreneur vous dit que votre maison est bancale et que ses fenêtres sont à refaire, que sa toiture est usée, que la cheminée risque de tomber…. Il vous explique les avantages d’avoir de belles fenêtres bien droites, propres, étanches. Il insiste bien sur la nécessité de refaire la toiture pour éviter les infiltrations. Et la cheminée, c’est parce que tant qu’à faire autant y travailler en même temps que le toit, pour être efficient ! Que de bien bonnes idées. Alors, il vous prépare un devis avec les choses à accomplir, sans jamais vous avoir demandé pourquoi votre maison est bancale. Lui il construit !


De votre côté, vous êtes bien content(e) qu’on améliore ainsi le visuel de votre maison. Vous avez bien une vague idée de la raison pour laquelle votre maison est bancale, mais bon, l’entrepreneur est un expert et s’il vous dit qu’il faut changer ces éléments-là et que ça va bien aller, alors pourquoi pas ! Vous avez tout de même demandé comment on allait mettre les fenêtres droites. À cela vous avez eu la réponse qu’on allait refaire le cadrage pour rendre le tout droit, ne vous inquiétez pas ! On va compenser un peu partout autour, rajouter du mortier, une ou deux briques sur le mur pour insérer les fenêtres droites, vous n’y verrez que du feu ! Waohh, mais c’est génial !


Les travaux sont effectués et quelques années s’écoulent, mais ho surprise, certaines fenêtres se brisent. Les vitres éclatent parfois. Comme c’est étrange…. Vous rencontrez un autre entrepreneur (l’autre a fait faillite entre temps) qui vous demande quels genres de travaux vous avez fait auparavant, quelques détails de la situation. Il vous mentionne que si vos fenêtres se brisent ainsi c’est que la maison n’est pas droite et qu’il y a du mouvement en dessous. Lui vous dit qu’il va falloir creuser au niveau des fondations pour vérifier les éventuelles fissures et les réparer, autrement même si vous réparez vos fenêtres, que vous mettez le dernier cri en termes de fenêtres, elles vont toutes se briser au fur et à mesure.


Alors que faire ? Si vous ne faites que réparer les fondations de la maison, mais que vous ne reconstruisez rien de neuf au-dessus par la suite, vous aurez réglé le problème de fondation, mais vous ne pourrez pas bien fonctionner dans votre maison. Des infiltrations, des brisures, il y en aura toujours et il faut refaire ce qui a été cassé. Les intempéries font en sorte qu’il y a un entretien régulier et des remplacements pour du plus efficace à faire régulièrement. En ayant repoussé la réparation de fondation au départ, vous payez donc deux fois pour ce qui est en surface, sinon plus ! En pensant gagner du temps, de l’argent, en fin de compte vous en perdez.


C’est la même chose en thérapie. Si on ne fait que construire de nouvelles manières de fonctionner sans traiter la base, on est un géant aux pieds d’argile. Et si on digère les effets de ce qui est arrivé sans s’arranger pour construire du plus solide aussi, on a des pieds en béton, mais on est un peu tout nu au-dessus…. C’est un peu ça le problème avec la reconstruction cognitive des choses. Si on ne s’occupe pas suffisamment pleinement de ce qui crée ces distorsions, on crée du bon sur du faiblard. Voyez le résultat. Ce qui est intéressant par contre, c’est que ça marche très bien pendant un certain temps.


L’idéal c’est donc, vous l’aurez probablement compris, de faire les deux ! Et comme en construction, on peut fonctionner en palier, sur les deux plans en même temps. On peut réparer une partie de la fondation et se remettre à construire pendant qu’on répare l’autre partie de la fondation et qu’on continue à reconstruire par la suite sur cette autre partie.


Pour se renforcer et développer une vie saine, où le bien-être peut être au RDV, il est donc important de traiter les situations qui nous ont abimé(e) et de développer aussi de nouvelles ressources pour faire mieux la fois suivante. Comme pour une maison, il faut être bien accompagné(e) pendant qu’on travaille sur la fondation. On ne veut tout de même pas que la maison, du moins la partie qui tient encore debout, s’effondre ! Alors, pendant que vous nettoyez la base, des piliers de soutien sont à installer. C’est à cela que sert la consultation thérapeutique. Ensuite si vous négligez d’entretenir la maison réparée, soyez assuré(e) que vous aurez de nouveau des soucis à un moment donné. D’où la très importante suggestion de développer des stratégies gagnantes en apprenant d’autres comportements, en modifiant les schémas précédents, en créant de nouvelles routes d’accès pour ne plus être surpris(e) et que cela coûte très cher ensuite.


C’est simple n’est-ce pas ? Alors pourquoi l’humain ne le fait pas ? C’est souvent parce qu’il pense que ça ne lui arrivera pas. Pensez-y bien, le mauvais temps ça n’arrive que chez les autres. Les tornades, elles sont localisées dans une partie du monde, alors on ne risque rien… sauf peut-être une inondation, une pluie de grêle, une branche d’un vieil arbre qui tombe par là…. Mais ça n’arrive pas, n’est-ce pas ? L’humain pense que s’il évite de penser à ce qui pourrait arriver alors cela n’arrivera pas. L’humain pense qu’en songeant au pire, alors on le crée et donc évitons d’y penser. Mais prévoir, ce n’est pas demander le malheur. Il faut différencier les réalités probables des pensées fantasmatiques. Il serait bien peu probable qu’un avion tombe sur le toit de votre maison, mais que de forts vents passent et arrachent une partie de la toiture, c’est déjà un peu plus probable. S’assurer de mettre une toiture de qualité prévient les éventualités bien probables. Et si ça n’arrive jamais ? Eh bien tant mieux. C’est comme les assurances, on devrait être content(e) de les payer pour rien, parce que tout de même, ça coûte toujours quelque chose quand on en a besoin, sans oublier que vos primes augmentent en plus !


Alors, arrangez-vous pour vous outiller adéquatement, mais ne négligez surtout pas de digérer ce qui n’est pas encore passé. Et, dans l’autre sens, arrangez-vous pour aller digérer ce qui n’est pas encore passé, mais ne négligez surtout pas de vous outiller pour la suite des choses. Et ce n’est pas partout qu’on peut faire les deux ! Pourtant, il faut bien en tenir compte.


Bonne digestion et bonne construction de stratégies nouvelles !



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