La résistance nuit au bien-être
Un des grands dangers de notre société c’est justement de renforcer la résistance nuisant toujours plus à notre bien-être. La vie devient alors totalement absurde, les personnes ne comprennent plus ce qui les entoure. Quand on se sent perdu, qu’on ne comprend plus rien autour de nous, et en nous, ce n’est pas normal.
Lorsqu’arrive un évènement traumatique, l’espace d’un moment, on fige et notre système prend un instantané de la situation qui est ensuite bien gravée dans la mémoire. Le traumatisme, c’est l’évènement. Le trauma, c’est l’effet qu’il provoque chez les gens. Il devient un carrefour qu’on ne peut éviter. On le traversera à chaque fois qu’on doit évaluer une situation. Et on trouvera toujours des éléments pour appuyer sur le bouton danger. Plus le temps passe, plus l’univers sécurisant se rétrécit. À un moment donné, tout devient très agressant. À un moment donné, les perturbations font en sorte qu’on n’arrive plus à faire ce qu’on faisait même facilement. On s’enlise, et on comprend de moins en moins. C’est qu’avec le temps on perd de plus en plus de capacités. Avec le temps notre univers se rétraicit et cela paralyse.
Si vous vivez une telle situation, ce n’est pas normal.
L’idéal serait de trouver de l’aide avant que la situation ne soit aussi catastrophique. Mais ce n’est pas toujours possible. À la différence du traumatisme majeur, telle une attaque à main armée ou encore un acte terroriste, les petits évènements de la vie au travail passent inaperçus. Ces petits évènements touchent, tous, les uns après les autres. Ils ont l’effet d’un poison qu’on injecte à petite dose. Ça ne tue pas, mais ça rend bien malade, toujours plus malade, mais toujours vivant quand même. On résiste. Et on ne se plaint pas. Pourquoi le ferait-on d’ailleurs ? Il ne s’est rien passé de si dramatique objectivement. D’ailleurs personne ne s’est véritablement aperçu du problème. Mais le cœur n’en pense pas la même chose. Le cœur, quand il reçoit des blessures, ça fait mal. Il ne fait pas de distinction entre « le petit évènement » et « la catastrophe ». Cependant, à la longue on ne devient plus que l’ombre de soi-même, si on ne réagit pas à cause de l’effet cumulatif des agressions diverses qu’on laisse nous anéantir. La résistance a toujours des limites.
Il faut se questionner sur la capacité d’avoir du plaisir et de grandir de ces évènements. Certaines personnes sont de véritables forces de la nature. Elles impressionnent, tant elles se relèvent de chocs sans avoir l’air affectées. Il faut se méfier des apparences. Un jour, elles s’écroulent, au grand étonnement d’ailleurs. De plus, se relever de tout ne s’accompagne pas forcément de bonheur ! Il s’agit là d’un art de vivre bien, d’être profondément heureux en soi, et non des plaisirs éphémères que peut amener notre vie de consommation. Il s’agit ici d’être bien, sans artifice.
Tout le monde est quelque part dans le processus de résilience
La résilience est accessible à tous et d’ordre général, entamée par tous. Selon nos stratégies et nos ressources, cette capacité se déploiera plus ou moins fortement. La personne sera plus ou moins en mesure de ressentir du bien-être. Selon les évènements de vie, les ressources disponibles avant, pendant et suite aux difficultés, la personne peut passer d’un type à un autre de résilience. Rien n’est coulé dans le béton. C’est un processus.
Il faut surtout retenir que dans la résilience il y a un phénomène de perte avec lequel la personne doit continuer à fonctionner. Elle doit retrouver un équilibre à partir de ce qui a été perdu. Il ne s’agit pas tant de la perte objective d’un emploi, d’un être cher. Cela est important bien sûr et représente un enjeu de taille. On ne saurait le négliger. Cependant il y a aussi la sensation de perte associée aux évènements, c'est-à-dire ce que cela représente en soi. Sans diminuer l’importance des pertes objectives, ce qui est important ici, dans ces descriptions, c’est le vécu intérieur de la personne. C’est à ce niveau que les différents profils de résilients sont envisagés ici.
Pour en savoir plus sur les traumatismes et leur effet, voyez :
Brillon, P. (2013). Comment aider les victimes souffrant de stress post-traumatique. Montréal: Éditions Québec-Livres.
Pour en savoir plus sur les bases de références, voyez la page bibliographie