On peut être résilient, mais est-on aussi heureux ? Ce sont deux choses différentes. En fait, la majorité des personnes sont résilientes au sens où elles se relèvent des difficultés qu’elles traversent et fonctionnent de toutes manières. Cependant, on a tendance à penser que lorsque les personnes sont résilientes, elles vont bien, simplement parce qu’elles fonctionnent ! C’est vrai partiellement. On se relève et on continue mais….
Posez-vous ces questions :
· Avez-vous vécu des évènements qui vous ont déstabilisé(e) ?
· Avez-vous ressenti des émotions ?
· Avez-vous eu l’impression de ne rien ressentir mais plutôt d’être déconnecté(e) ?
· Pouvez-vous parler de l’évènement ?
· Avez-vous des troubles physiques divers depuis l’évènement ?
· Est-ce que tout vous parait un peu plus voire beaucoup plus difficile depuis dans votre quotidien ?
Si vous répondez oui à certaines de ces questions, vous êtes un bon sujet à la résilience. Mais il se peut que vous tourniez un peu en rond.
D’abord pour être résilient il faut avoir été impacté(e) par les situations, c’est-à-dire qu’il faut avoir été ébranlé(e), déstabilisé(e), temporairement incapable de faire face à la situation. Pendant une telle situation, on est tout sauf bien ! Mais cela ne dure pas, toutes sortes de mécanismes vont se mettre en branle pour nous aider à récupérer, du moins physiquement. Et on ne sera pas pour autant tout à fait bien. Que ce passe t’il ?
Il y a temporairement, un submergement émotionnel, un trop lorsqu’une difficulté arrive. La situation surprend, va trop vite, ne nous permet pas d’utiliser nos ressources habituelles... Pour gérer ce trop, on a le choix de fuir ou de figer. Le mot choix n’est pas nécessairement approprié car ce n’est pas réellement un choix. Tout se passe très vite, dans la partie non consciente, la partie vitale de notre être, la partie animale. Notre cerveau reptilien prendra le contrôle lors de situations dangereuses, évaluées comme dangereuses. Déjà cela veut dire que chacun aura une réaction différente, à cause de cette évaluation. Cela est important car on peut respecter les réactions de chacun sachant cela au lieu de suggérer aux gens « d’en revenir… que ce n’est pas si grave que ça… et bien du blablas… ».
Alors, figer ou fuir ? Les mécanismes pour nous aider à fuir ne se mettent en action que s’il est réellement possible de fuir. Il est des moments où cela est impossible. Dans une telle situation, notre cerveau va enclencher un autre mécanisme qui va nous permettre de figer. Parfois, même s’il est possible de fuir, il vaut mieux figer. Remarquez l’intelligence ultime de la chose. Dans la nature, le meilleur moyen de ne pas être aperçu et donc possiblement dévoré, c’est d’être immobile car c’est le mouvement qui nous rend visible. Si vous n’êtes pas très sûr(e), regardez un peu autour de vous. Par exemple vous entendez un oiseau, le son vous indique dans quelle direction regarder. Mais les arbres remplis de feuilles offrent un camouflage très intéressant. Lorsque l’oiseau chanteur se met à passer de branche en branche, votre regard suit directement ce mouvement et là vous pouvez voir l’origine du chant mélodieux.
Vous devez vous demandez où je veux en venir ? J’y arrive ! Lorsqu’une situation difficile arrive donc, pour pouvoir parler de résilience, vous devez avoir été ébranlé(e) profondément, émotionnellement. Si vous n’avez rien ressenti, ce n’est pas forcément parce que vous n’avez rien vécu cependant. Les mécanismes de fuite et d’immobilisme se passent aussi au niveau psychologique, pas juste physique. Par exemple, lors de moments trop intenses, on peut se dissocier. C’est un terme utilisé pour expliquer que votre corps est bien là mais que tout votre être, votre esprit disons, lui il fuit ! Pourquoi ? Pour ne pas ressentir l’intensité du moment. C’est brillant. Ensuite cependant, il faut revenir ! C’est une autre histoire. Il arrive qu’on arrive à revenir mais partiellement seulement, c’est à dire que notre être, notre esprit s’est un peu perdu lorsqu’il s’est en allé, et on y a perdu des bouts…. Mais rassurez-vous, ce n’est pas toujours le cas. Et si c’est le cas, en y travaillant un peu on peut récupérer ses esprits si l’on peut dire.
Si rien de tout cela n’est arrivé, si la situation difficile a été vécue comme intense mais gérable tout le long, il n’y a pas eu de quoi ébranler et donc pas de quoi développer sa résilience. On récupère simplement comme on le fait après un effort sportif intense.
Les personnes ont l’impression d’avoir bien traversé les épreuves, ou encore de ne pas avoir été ébranlées mais au fond d’elles-mêmes, il se passe quelque chose qu’elles ne peuvent expliquer. Se mettent à apparaitre des symptômes divers : troubles de sommeil légers ou intenses, crampes d’estomac, douleurs diverses au dos, aux membres, de la vision, des fatigues importantes alors qu’on n’a pas changé de rythme ni intégré de nouvelles choses, des difficultés à se concentrer, à penser…. Bref, toutes sortes de choses anodines, qui le paraissent en tout cas. Certaines personnes vont se mettre à travailler plus fort encore après un évènement difficile, et prétexter que tout va bien justement.
Et en effet, ça va, mais l’évènement qui n’a soi-disant pas été si difficile a été perçu de telle sorte qu’on va se mettre à réagir ou sur-réagir sans trop s’en rendre compte. Et là l’énergie qu’on y met fait en sorte que le bien-être n’est plus au rendez-vous. Être résilient c’est être capable de faire face aux situations, mais cela ne veut absolument pas dire se sentir bien à l’intérieur de soi. Et pour cause ! L’évènement a déstabilisé. C’est à cela qu’il serait utile de s’intéresser, au comment on a été chamboulé en soi. Je vous en parlerai dans un autre article mais il faut savoir que les modes de réactions vont être assez communs sur trois axes. Il n’y a plus tant de différence une fois compris quel pilier de vous-même est atteint par les difficultés. Une chose est commune aux personnes résilientes : souvent, elles ont du mal à vivre du bien-être jusqu’à ce qu’une intégration complète de la situation puisse se faire. Elles seront alors en croissance post traumatique, le but ultime d’un processus de résilience. Et là elles vivront de nouveau du bien-être. Et sans pour autant remercier l’évènement douloureux, elles y auront appris de nouvelles choses qu’elles n’auraient pas acquises sans cette situation. C’est en cela qu’on peut avoir l’impression que parfois des personnes vont sembler contentes d’avoir vécu ces difficultés. Ce n’est pas du masochisme. Il ne s’agit pas d’apprécier l’évènement douloureux voire traumatique mais bien d’apprécier notre manière d’y avoir trouvé des solutions et des avenues différentes et bien plus heureuses.
Alors oui on peut être résilient et retrouver le bien-être mais le processus même de résilience n’est pas source de bien-être, il le prépare. Pour y parvenir, il y a plusieurs atouts, caractéristiques à développer. Bonne résilience !
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